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Riyad aux princes arrêtés : la liberté contre 70 % de vos biens

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, qui a lancé une campagne anti-corruption pour renflouer les caisses vides de l’État. ©Getty Images

Les autorités saoudiennes marchandent des offres de liberté aux princes et hommes d’affaires arrêtés pour corruption.

Les autorités saoudiennes sont en train de négocier des accords avec des princes et hommes d’affaires arrêtés pour corruption, offrant à ces derniers d’être libérés en échange de la cession de leurs actifs et capitaux.

Selon des sources, dans certains cas, le gouvernement va jusqu’à demander 70 % de la richesse des suspects, dans le seul but de canaliser des centaines de milliards de dollars dans les caisses de l’État appauvri.

Les arrangements, qui auraient déjà entraîné un transfert à l’État d’actifs et de fonds, donnent un aperçu de la stratégie qui se cache derrière la purge lancée par le prince héritier, Mohammed ben Salmane.

Cette répression a entraîné la détention de centaines de membres de la famille royale, de ministres et de grands magnats du pays, dont le milliardaire Waleed Al Ibrahim, fondateur du Middle East Broadcasting Center et propriétaire de la chaîne de télévision satellitaire saoudienne Al-Arabiya, ainsi que de Bakr ben Laden, le président du groupe de construction Saudi Binladin.

Certains des suspects, dont beaucoup ont été détenus à l’hôtel Ritz-Carlton à Riyad depuis la semaine dernière, sont désireux d’obtenir leur libération en cédant des liquidités et des biens corporatifs, affirment des personnes proches du dossier.

« Ils trouvent des accords avec la plupart de ceux qui sont présents au Ritz », a déclaré le conseiller d’un homme d’affaires arrêté. « Crachez l’argent et vous rentrerez à la maison ! » serait le mot d’ordre.

Riyad vise à récupérer des milliards de dollars prétendument accumulés grâce à la corruption à un moment où le gouvernement est aux prises avec une récession et un déficit budgétaire de 79 milliards de dollars annoncé pour l’an dernier.

Le procureur général saoudien a déclaré qu’il enquêtait sur des allégations de corruption totalisant au moins 100 milliards de dollars. Les personnes informées disent que le gouvernement espère récupérer au moins 100 milliards et au plus 300.

Cette rafle a été applaudie par de nombreux Saoudiens qui ont été irrités pendant des années par ce qu’ils perçoivent comme de la corruption impliquant des membres de la grande famille royale et des hommes d’affaires qui leur sont liés. Mais les investisseurs étrangers ont été effrayés par l’ampleur de la campagne et craignent que la répression soit une purge sélective.

Un homme d’affaires multimilliardaire détenu au Ritz a été sommé de céder plus de 70 % de ses richesses à l’État en guise de punition pour des décennies d’implication dans des transactions commerciales prétendument véreuses. « Il est prêt à payer », a dit l’un de ses conseillers, « mais les détails de la mécanique du retour des actifs et de l’argent n’ont pas encore été définis ». « Les hommes d’affaires en détention sont invités à remettre tout simplement leurs biens. Dans le cas des membres de la famille royale, les règlements sont susceptibles d’être assortis de promesses de loyauté envers le prince Mohammed », a ajouté le conseiller.

Les responsables saoudiens n’ont pas commenté ces informations qui circulent depuis hier dans les médias.

Une autre personnalité saoudienne détenue aurait confié à son personnel que les autorités pourraient chercher à approprier son entreprise principale.

Les familles des suspects détenus ont commencé à engager des consultants pour les aider à obtenir la libération de leurs proches et à réparer les dommages causés à leurs intérêts commerciaux.

« Ils cherchent des moyens d’isoler l’actionnaire mouillé [dans les affaires de corruption] et de maintenir l’activité », a déclaré le conseiller d’un homme d’affaires arrêté.

Le prince al-Walid ben Talal, qui détient des participations dans Citigroup et Twitter et qui est l’un des neveux du roi Salmane, avait publiquement soutenu les efforts du prince Mohammed pour réformer le royaume avant son arrestation sur des allégations de pots-de-vin et d’extorsion.

Les États-Unis surveillent de près la situation en Arabie saoudite au milieu de ces accords de transfert de capitaux et d’actifs entre les autorités saoudiennes et les personnes arrêtées pour corruption, a déclaré vendredi le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin.

Interrogé sur les accords de transfert et la liberté des détenus, Mnuchin a déclaré à CNBC « Je pense que le prince héritier [Mohammed ben Salmane] fait un excellent travail pour transformer le pays. [...] Les États-Unis surveillent évidemment la situation. »

Traduit du Financial Times

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SOURCE: FRENCH PRESS TV